Incommensurable
大无量
Le sentiment d’être plongé dans la nature
est incommunicable.
"Existe-t-il une beauté commune, reconnaissable par tous ?"
demande Gao Xingjian.
Y a-t-il quelque chose
au-delà de la simple existence physique ?
"On ne peut répondre par l'affirmative,
mais on ne peut pas non plus dire le contraire :
précise Gao Xingjian,
"il est possible de le prouver.
La beauté est une sorte de sensation
que ressent l'espèce humaine,
cela est intuitif,
aussi une sensation purement individuelle.
Elle ne découle pas du raisonnement,
loin de la raison et des concepts sur le beau,
la beauté n'existe qu'à l'instant de l'acte de création
ou au moment où l'on admire l'oeuvre."
Il semble qu'on a touché ici un thème "sérieux",
- la notion du sublime,
"Dans la langue philosophique,
le sublime désigne un sentiment très particulier et rare,
celui qui s'empare d'un individu
quand il est confronté à quelque chose qui le dépasse,
qui le submerge et qui provoque en lui à la fois l'admiration et la frayeur.
Il fait l'expérience d'une part et d'autre part de la puissance
et d'une majesté sans commune mesure avec ce qu'il affronte ordinairement."
précise Gao Xingjian
Thoreau fait son témoignage,
"il" est partout dans la nature
-"une pulsation divine".
Je suis sûre que nous avons tous à un moment ou à un autre
senti monter en nous un immense sentiment de tranquillité
ou frayeur devant un paysage grandiose,
le coucher du soleil (Caspar David Fredrich)
ou l'éclair (le champ d'éclairs de Walter de Maria).
Tout le monde s’accorde à trouver paisible l'image
d'une étendue d’eau reflétant la lumière du ciel.
Il existe forcément "quelque chose"
que l'esprit ne peut pas appréhender
- un sublime, incommensurable.
À l'opposé de la vicissitude de notre existence.
Comme dit Platon,
"Nous sommes une plante de la terre".